La politesse avant tout !

Le bureau de la rectrice. Après un long voyage dans cette ville immense, il avait enfin trouvé l'académie. Sur de lui, il toqua à la porte avec vigueur.

« La politesse avant tout » se disait-il. « J'espère que cette école réputée est à la hauteur ! Je n'ai pas envie de me retrouver avec des incapables qui ne comprendront pas mon art ! »

Oeil-de-nuit reposait sur son épaule et se frotta contre la joue de Sieghart. Il avait les mêmes pensées.

Hildegarde releva sa figure aux traits durs et froids, les yeux inquisiteurs : là, derrière sa porte, elle sentait la présence d'un esprit zélé, sur de lui, et ambitieux. Elle captait quelques pensées éparses.... Tiens donc, un nouveau professeur. Parfait. Elle se leva de son siège rectoral, abandonnant les dossiers qu'elle était en train de remplir, et lança :

"Entlez !"

Comme à son habitude, son accent faisait effet.

Sieghart caressai Oeil-de-nuit quand celui-ci se releva brusquement. Il avait senti quelque chose mais quoi ? Une voix avec un lourd accent lui somma d'entrer.

« La rectrice se fait plaisir » se disait-il.

Le bureau de Hildegarde était richement décoré par des tapis, tableaux et meubles soigneusement gravé. D'un pas sur, Sieghart s'approcha du bureau. Hildegarde le regardait.

« Je m'attendais à une femme dans l'âge mur et je tombes sur une beauté » Ces mots étaient sortis tout naturellement. Était-ce un compliment ? Difficile à dire puisque que la phrase fut dite avec aucun ton, aucune expression.

Sieghart fixait Hildegarde. Il regardait son corps magnifiquement bâti, ses cheveux blonds qui ondulaient avec le vent puis il la regarda droit dans les yeux. Ses yeux bleus étaient magnifiques. Sieghart se senti aspiré. Sa rêverie dura quelques secondes avant que Oeil-de-nuit, de sa mince gueule, bouscula le visage de son compagnon ce qui le fit sortir de son rêve.

Après une légère révérence, il se présenta enfin.

« Madame, je suis Sieghart Rozent et je viens pour le poste de professeur d'invocation »

Sa voix était sur, fière. Il savait que ce poste serait sien. Il était le meilleur dans son domaine.

Hildegarde ne se départit pas de son rôle de reine des glaces. Le compliment avait glissé sur elle comme la pluie sur une toiture aux tuiles assurées. Etait-ce une façon de se faire bien voir d'entrée de jeu ou la manifestation d'une sincérité tout ce qu'il y avait de plus honorable ? Qu'importe, l'heure était au travail.

"L'âge mûl et la beauté ne sont pas folcément incompatible."

répondit-elle, avec une fierté non dissimulée.

"Plofesseur d'invocation ? Ce poste est lible, en effet, mais il ne sela pas donné au plemier venu."

Elle contourna son bureau pour lui faire face. Sa grande taille lui donnait les faux airs d'une géante nordique, prêtresse d'Odin. Hildegarde sondait le nouveau venu, elle voulait s'assurer de sa compétence.

"Quelles sont vos qualifications ?" lui demanda-t-elle, sans cesser son inspection psychique.

« Mes qualifications ? En avez-vous réellement besoin ? Si le poste est vacant, cela veut bien dire quelque chose comme le fait que personne ne sait présenté avant ! Vous avez besoin de mon art alors ne tournons pas autour du pot ! »

Sieghart savait que la balle était dans son camp. En s'abaissant à lui montrer une partie de son art, il jouait à son petit jeu et en aucun cas il lui donnerait une victoire facile. Un rictus apparut sur ses lèvres.

Les yeux d'Hildegarde se plissèrent en deux fentes assassines. Elle leva le front, le toisant du regard.

"Quand bien même il n'y aulait aucun enseignant dans cette univelsité je ne choisilai pas à l'aveuglette. Je pléfèle encole laisser des matièles vacantes plutôt que d'avoil un mauvais plofesseul. Soyez bon vendeul : nous avons besoin d'un enseignant, bien sul, mais si vous n'êtes pas apte à me convaincle d'accepter la malchandise, vous poullez toujouls faile un spectacle de lue avec vos cléatules."

Renvoie de balle. Hildegarde n'aimait pas qu'on lui tienne tête, même si elle devait admettre tout au fond d'elle que c'était assez amusant. Toujours est-il qu'elle devait affirmer son autorité, une bonne équipe pédaogique ne peut fonctionner sans une figure de proue.

Oeil-de-nuit se redressa. Hildegarde venait de provoquer son compagnon et, la plupart du temps, ça finissait mal pour le provocateur. Sieghart caressa le petit dragon. Elle aimait jouée, lui aussi. Même si cette femme était plus grande que lui, il lui rendit son regard. Son rictus était toujours présent. Se moquait-il ou était-ce de l'amusement sur ses traits ?

« Un spectacle de rue ? Vous prenez l'art de l'invocation pour un amusement ? Pour qui vous prenez- vous madame la rectrice ? L'invocation demande un sang-froid hors du commun et vous, vous me parlez de spectacle ? J'ai entendu parler de la notoriété de cette école mais je la pensez mieux diriger ! » Il n'y avait aucune animosité dans ses paroles mais que cherchait-il en fait ? Est ce que c'était un test qu'il lui faisait passer ?

Oeil-de-nuit regardait étrangement son camarade. C'était la première fois qu'il réglait la situation avec diplomatie.

« Il est tombé sous le charme de la grande ? » se demandait-il.

" C'est justement palce que cette école est menée de main de maîtle que sa lectlice ne va pas embaucher quelqu'un simplement palce que cette pelsonne le léclame."

répliqua Hildegarde sans perdre de sa superbe. Elle voyait ce qu'elle allait devoir mener : un combat d'éloquence où chaque mot pouvait être retourné à l'envoyeur avec pertes et fracas.

"Mais encole vous vous lépandez en paloles, passez donc à l'acte et plouvez que votle alt ne lélève pas de la bouffonelie, que vous êtes autle chose qu'un comédien venu postuler pour un simple lôle."

Elle arbora un petit sourire où sa fierté était mêlée d'arrogance :

"En outle, si, comme vous le plétendez, l'invocation demande un immense sang-floid, vous ne lépondlez pas à mes plovacations, et n'écoutant que la laison vous felez ce qu'il faut pour me convaincle de votle talent."

acheva-t-elle, et son visage prit la rigidité et l'assurance de la glace. Elle avait arrêté son petit sondage psychique, et s'en remettait à ses paroles.

Oeil-de-nuit émit un petit rugissement. Sieghart savait qu'il se moquait de lui. La rectrice venait de montrer un talent dans la diplomatie mais aussi dans l'art de diriger. Sieghart savait qu'elle était digne d'avoir ce poste mais il ne pouvait perdre la face devant elle. Ce poste de professeur l'intéressait encore plus.

« Madame, vous venez de me prouver votre valeur, alors je me dois de le faire aussi. »

Ainsi, il savait qu'elle n'avait pas remporté la bataille puisqu'elle venait de passer un test et elle s'en rendrait compte. Il jubilait mais cela ne se voyait pas sur ses traits. Seul son rictus était présent.

« Si vous voulez bien m'accompagner au jardin afin de vous montrer mes « qualifications ».

Sieghart ne l'attendit pas et partit du bureau. Nouvelle destination : le parc.

« Elle ne va pas être déçu du voyage n'est ce pas Oeil-de-nuit ? » Le dragonnet rugit. Il était d'accord avec son compagnon.

Elle posa ses mains sur ses hanges : genre.... Geeeenre elle n'avait que ça à faire ! Aller se promener pour voir les qualifications de Môsieur !

.... Mais il était vrai qu'invoquer une grosse bébète dans son bureau n'était pas du tout recommandé. Flûte ! C'était une impasse ! Elle croisa les bras et avança, l'air sombre. Elle prit soin de bien refermer son bureau derrière elle.

D'un certain point de vue, elle allait pouvoir respirer loin de ses dossiers, voilà qui était appréciable.

[ Sujet clos ==> Parc, nous voilà ! ^^ ]