La fin du cauchemar? [Hildegarde]

Ceres ignorait combien de temps elle était rester inconsciente, mais le temps lui sembla long, comme un lourd sommeil embrumé. La jeune fille sentait quelques douleurs qui la transperçaient un peu partout sur le corps. Elle tenta de remuer, mais cela ne fit qu'empirer le mal.
Il faisait un peu plus chaud, était-elle déjà dans l'Au-delà? Que s'était-il passé après l'incident avec le démon. Elle avait senti qu'une sorte de barrière s'était dressée entre le démon et son esprit. Incompréhensible...

Et lui... avait-il survécu? Lui avait-il fait du mal? Est-ce qu'il...

"Syd!" s'exclama-t-elle en ouvrant les yeux.

Tiens? Cela ne ressemblait pas vraiment à l'Au-delà, mais plutôt au plafond d'une pièce. Elle s'assit avec difficulté.

"Où suis-je?"

Hildegarde avait installé la jeune fille sur un petit sofa, dans son bureau. Elle-même était assise non loin, les jambes croisées et le regard posé sur l'étudiante. Elle déconnecta son esprit du sien, car elle était restée jusque là sur ses gardes enfin d'éviter que le démon ne sorte à nouveau.

"Dans mon buleau..." dit-elle.

"Où vous êtes en séculité... et où vous ne lisquez plus de faile du mal à autlui."

acheva-t-elle. L'allusion à Syd était à peine voilée. La rectrice ne tentait pas de mettre la jeune fille mal à l'aise, mais elle n'était pas femme à masquer la vérité. De toute façon Ceres devait bien avoir conscience du danger qu'elle avait fait courir au jeune homme au cours de cette horrible soirée.

La voix de la rectrice la fit sursauter. En fait, Ceres se trouvait dans ce qui semblait être un bureau, et en face d'elle, il y avait une femme. Elle était grande et de forte carrure et un léger accent. La jeune fille était un peu perdue, où était-elle? Que s'était-il passé ce soir? Où...

"Où est Syd? Où est-t-il? s'écria-t-elle en ne le voyant pas autour de lui."

Elle craignait de lui avoir fait du mal et cela sans le vouloir vraiment! Et si jamais il était... Non! Cette vision était trop insoutenable! Alors Ceres se leva brusquement.

"Je vous en prie! Dites-moi où il est!! reprit-elle avec fermeté, ne sachant qu'elle s'adressait la rectrice de la grande université d'Istya."

Son coeur devait affronter une foule de sentiments étranges. Inquiétude, colère, mais aussi, une once de bonheur... car il semblait bien que Syd partageait ses sentiments. Non! Ce n'est pas le moment de penser à cela! Il était peut-être en danger!

"Je vous en prie! dit-elle en s'inclinant. Dites-le moi!"

Hildegarde ne s'offusqua du ton premier de la demoiselle. Celle-ci d'ailleurs ne tarda pas à montrer une attitude plus soumise pour lui quémander des informations. Elle se leva : elle n'avait pas besoin de ses tons de télépathe pour savoir quel chagrin et quelle peur dévoraient la jeune fille.

"Je suis intelvenue à temps. Bien qu'il fut méchamment meultli, il ne galdela pas de séquelles... Mais il est inconscient, et des médecins plennent soin de lui à l'hôpital."

Elle marqua une pause avant de rajouter :

" Il s'en est fallu de peu. Il ne vous aulait jamais lâchée, et selait molt avec vous. Quel fou que celui-là, n'est-ce pas ?"

Elle envoya un message télépathique et un majordome entra avec un plateau sur lequel une bouteille d'eau et deux verres reposaient.

"Buvez donc un peu. Il faut se réhydlater aplès un gland stless."

Hildegarde saisit un verre pour son propre plaisir. Elle ne s'était pas encore présentée, mais elle n'était pas pressée. Ceres devait d'abord retrouver son calme.

"Il serait mort avec vous", ces paroles résonnèrent comme une marche funèbre dans sa tête. Elle voulait pleurer mais n'y arrivait pas, les larmes étaient retenues au fond de ses yeux et sa gorge était nouée par la peur. D'une main tremblante, elle saisit le verre d'eau et le vida d'un trait. Puis elle regarda la femme.

"Je vous dois la vie et celle de Syd madame, dit-elle en se tordant les mains. Car c'est vous qui avez renvoyé le démon au fin fond de mon esprit. Comment avez-vous pu faire ça? Je n'ai que rarement réussi à le maîtriser, pourtant il vit en moi depuis seize ans..."

Elle se leva lentement, et s'inclina pour remercier cette femme qui l'avait sauvé.

"Je fais partie du clan Kannagi, je m'appelle Ceres."

Hildegarde ne montra pas son étonnement, mais elle se sentit dubitative :

"Etlange, je ne connais pas de Celes du clan Kannagi. L'une de nos étudiantes vient de ce clan, Akane, la connaissez-vous ?"

Cependant, Hildegarde sentait que la jeune fille ne lui mentait pas, c'était un mystère à éclaircir. Le démon, en outre, elle l'avait bien senti, était un démon de feu... Au moins, son histoire avait une certaine cohérence.

"Mais je ne me suis pas plésentée..." dit-elle.

"Je suis Hildegalde Dlagomil, la lectlice de l'univelsité."

Elle fit une pause avant de reprendre :

"Poul qu'un démon se soit retlouvé scellé en vous, il faut que vous soyez quelqu'un... d'impoltant dans le clan...."

Ses yeux observaient Ceres sans ciller.

Ceres écarquilla les yeux. Il, il y avait un membre du clan dans cette université? Et qui plus est sa tante? Akane! Celle dont elle avait tué le fils après son mariage forcé. La jeune fille crut à un cauchemard.

"A... Akane Kannagi est élève ici? Vous voulez dire que..."

Elle se tut un instant. Cela pouvait être possible. S'ils étaient remontés vingt ans en arrière, sa tante devait avoir dans les dix-huit ans. Si elle était ici, elle allait devoir être extrêment prudente. Akane était assez remarquable, elle avait des cheveux d'un bleu étrange et on disait d'elle que son pouvoir était très différent des autres membres du clan.

"Madame Dragomir, veuillez m'excuser pour mon impertinence, dit-elle en voyant qu'elle avait affaire à une personne très importante. Il y a tellement de choses qui se passent depuis quelques mois. Je suis perdue."

La danseuse n'était pas sûre que la rectrice croit un mot de son histoire, mais elle tenta de la raconter le plus clairement possible.

"Je suis l'héritière du clan, fille d'Eichi et Yoko Kannagi. Seulement dans votre époque, je ne suis actuellement pas née... Syd et moi avons fait un voyage dans le temps à la suite d'une mission sous-marine. Nous avons atterri ici malgré nous."

Elle fit une pause, observant la première réaction de la rectrice.

Si Ceres avait raconté son histoire à un citoyen lambda d'Aïsthèsis, elle aurait certainement fini au temple où des Augures l'auraient exorcicée pour la libérer de sa folie. Hildegarde Dragomir, bien qu'elle eut connu des choses incroyables dans sa vie, eut quand même un moment de battement. L'histoire semblait invraisemblable au possible. Et pourtant...
L'esprit de la jeune fille qui lui faisait face était sincère, elle ne présentait aucune trace de mensonge ou de mythomanie. La psychée qu'elle sentait était limpide comme de l'eau.
Hildegarde fronça les sourcils.

"Un voyage dans le temps ?"

* Une blèche ? .... *

Improbable mais pas impossible.... Mais si ces deux jeunes gens arrivaient effectivement du futur, cela pouvait se révéler... dangereux. Leur présence pourrait créer des incohérences et des paradoxes malvenus... Mais dans le même temps : s'ils sont là, l'avenir l'a peut-être déjà pris en compte. Bref, des pensées compliquées traversaient l'esprit d'Hildegarde à cet instant précis.

"Vous devez êtle bien désespélée pour me l'avouer, jeune fille. D'autles n'aulaient pas hésité à vous faile dispalaîtle en applenant ceci.... s'ils vous cloyaient..."

Elle se leva :

"Et je vous clois, moi.... Mais écoutez moi bien : ne lévélez plus jamais à l'avenil ce genle de chose, à qui que ce soit... De même que l'appaltenance au clan des Kannagis.... Vous évitelez ainsi de vous mettle dans une position.... dangeleuse..."

Ceres baissa les yeux. Cette femme ne la prenait pas donc pas pour une folle, bien heureusement... Elle ne préféra rien révéler au sujet de la troisième personne qui avait fait ce voyage temporelle bien malgré elle.

"Je ne risque presque rien, même en révélant mon nom de famille, expliqua-t-elle. Le clan Kannagi est si grand que la plupart des membres ne se connaissent pas entre eux. Hormis... le cercle de la descendance dont moi et Akane faisons parties."

"Je suis l'arrière-petite-fille du chef actuel, Kiyosuke Kannagi. Mes parents son cousins: mon père est le petit-fils du chef et ma mère est la soeur aînée d'Akane. Toutes deux font parties de la branche adjacente, celle qui descend du frère de notre chef."

Si la danseuse s'attardait sur les détails généalogiques, c'est qu'elle voulait expliquer sa présence en dehors du clan.

"Vous comprendrez madame, que ma présence et celle d'Akane en dehors du clan n'est pas anodine. Il est très rare que des membres du clan se trouvent en dehors de notre sein... Pour Akane, ma tante, j'ignore tout. Je l'ai connu mariée vingt ans plus tard à quelqu'un de notre clan. Quant à moi..."

Si la rectrice ne la jetait pas en prison après ce qu'elle s'apprêtait à révéler, elle aurait de la chance...

"Alols vous avez tout intérêt à bien peser vos mensonges. Si se letlouver hols de votle Clan est si lale, celtains se poselont des questions...."

Mais avant d'aller plus loin, Hildegarde songea qu'il vallait mieux entendre la suite des révélations de Ceres. La jeune fille semblait sur le point de passer sur une partie encore plus sombre de son histoire.

"Mais poul vous-même, vous savez poulquoi vous avez dû vous exiler des vôtles.... Poulquoi donc ?"

s'enquit-elle d'une voix infiniment posée. Elle voulait inciter Ceres à se confesser sans.... crainte.

La danseuse déglutit avec difficulté. Elle n'avait jamais parlé de cette histoire à qui que ce soit en dehors de Syd. Mais lui et elle entretenaient des rapports très particuliers. Si cette femme était rectrice de l'université, elle avait sans doute recueilli des étudiants au passé les plus étranges. Ceres se demanda s'il fallait lui faire confiance, mais puisqu'elle lui avait sauvé la vie, elle n'avait guère le choix.

"Ce que je m'apprête à vous dire madame, jamais je n'ai pu le dire sauf à mon compagnon..."

Inspirant le plus d'oxygène qu'elle le pouvait elle entama son récit:

"A l'âge d'un an ou peut-être de deux je ne m'en rappelle pas, mon grand-père et les anciens mirent à terre un des esprits du feu les plus puissant qui attaquait notre clan régulièrement depuis des centaines d'années. Mon grand-père était un des plus puissants mages de feu de sa génération, il pu terrasser l'ennemi là où les anciens chefs de clans avaient échoué. Seulement, il ne trouvait aucune prison assez puissante pour l'accueillir."

Ceres ne se rappelait absolument pas de ce passage de sa vie, c'était son défunt père qu'il lui avait raconter cela.

"On me choisit moi, j'ignore encore la cause. On m'imposa ce fardeau alors que je n'avais pas encore vécu. Voici la marque du scellé, dit-elle en montrant l'horrible cicatrice en bas de ses reins. Mon père m'éleva dans la plus stricte éducation qui convient à un héritier, mais il était très gentil avec moi. Il m'apprit à contrôler mes pouvoirs qui débordaient souvent à cause d'un trop plein d'émotions. Cela lui valut de nombreux incendies. Après la mort de mon grand-père, mon père lui succéda au poste de chef de clan. Ma mère se chargea de la suite de mon éducation, m'enseignant la danse, le chant et l'art divinatoire."

"A... Quand j'eu quinze, poursuivit-elle avec difficulté. Mon père mourut dans des circonstances encore inconnues."

Elle se tut un instant. C'était un passage douloureux de sa vie qu'elle racontait là. Son père avait toujours été là pour l'aider et la protéger. Sa mère était une femme... intrigante. Elle retint ses larmes.

"Ma mère assura la régence en attendant que j'eus l'âge de devenir moi-même chef. Cela devait arrivée à ma majorité, dix-sept ans. C'est mon âge actuel, mais je ne pu devenir chef, car on me chassa du clan à la suite d'un incident."

Là était la partie la plus difficile. Elle espérait que ce n'était pas trop long à écouter pour la rectrice. Mais cela lui faisait du bien de pouvoir parler de tout cela librement.

"Le jour de mon anniversaire, ma mère vint me trouver pour m'annoncer une nouvelle étonnante. Si je voulais prétendre au trône du clan, il fallait que je me marie avec quelqu'un de mon sang... Elle m'avait déjà trouvé le mari idéal: mon cousin qui avait mon âge, le fils d'Akane."

Cette soirée-là par contre, Ceres s'en souvenait comme si c'était hier. Ses mains tremblaient et sa peau semblait encore plus pâle, elle était sur le point d'éclater en sanglots.

"Mon cousin, il s'appelait Yasuo. Il était beaucoup plus grand que moi. Il n'était pas méchant mais était réputé pour avoir un caractère fort comme sa mère. A la suite d'une cérémonie, je l'épousais, je me disais que c'était uniquement dans l'intérêt du clan, je pourrais me marier avec la personne que j'aime plus tard... J'étais naïve... C'est durant la "nuit de noces" que tout bascula."

Sans qu'elle put les retenir, ses larmes se mirent à couler abondamment sur ses joues. Ne trouvant pas la force de les arrêter, elle continua dans une voix tremblotante entrecoupée de sanglots.

"La tradition comme ça l'est partout, est de "consommer" le mariage si vous voyez ce que je veux dire. Yasuo le voulait mais je me suis refusée à lui. Je ne connaissais rien à tout cela, je ne voulais pas que ça se passe avec lui!! s'écria-t-elle comme si elle tentait de se justifier. Mais il a insisté, insisté, m'allongeant de force sur le lit. J'ai perdu mon sang-froid et le feu est sorti malgré moi de mes mains..."

"Co... comme je le repoussais, mes mains touchèrent son corps et il commença à brûler vif! Je ne comprenais pas, les membres du clan avaient le pouvoir de résister au feu! Est-ce que la magie du démon était plus forte? Je n'en sais rien... mais ce qui est sûr, c'est que mon cousin et mari mourut par ma faute ce soir-là..."

Ceres ne put rien ajouter, juste continuer de pleurer...

[Quel pavé!]

[Ouiiii ! XD]

Si Hildegarde s'écoutait, elle aurait félicité Ceres pour l'heureuse initiative qu'avait provoqué sa perte de contrôle. En effet Hildegarde était plutôt féministe, elle ne supportait pas la vision de la femme soumise aux désirs et aux caprices de son mari. Le jeune Yasuo, malheureusement pour lui, avait creusé sa propre tombe. Et si Ceres n'avait pas eu de démon logé au fond d'elle ? Il l'aurait prise par la force en se cachant sous la couverture du mariage. Et la jeune fille serait devenue une poule pondeuse, renonçant à jamais à ses rêves d'amour heureux et de liberté.

"Je ne vois là aucun clime mademoiselle.... Du moins, lien qui ne mélite que je me méfie de vous.... En effet..."

Elle laissa volontairement planer un petit silence.

"... ce que vous m'avez laconté n'est jamais allivé en ce temps. "

Hildegarde avait senti que l'une des craintes de Ceres était la conséquence de sa révélation, elle avait voulu la rassurer sur ça tout d'abord...

Mais la rectrice se releva et annonça d'une voix claire :

"Votle ploblème n'est pas entièlement de mon lessolt, mais il est le mien désolmais, je ne peux pas vous laissez lible dans mon univelsité avec ce démon en vous..."

Elle tourna les yeux vers la porte.

"Mais avant de poulsuivle, il va vous falloil lassuler un jeune hystélique..."

Hildegarde avait rudement bien détecté la venue d'un nouvel élément : on tambourina à la porte avec une hâte et une furie qui trahissaient l'inquiétude la plus vive et la plus insoutenable.

Avant même qu'on ne lui dise d'entrer, Syd ouvrit la porte, criant le nom de celle qu'il avait bien cru perdre :

"Céres !"

Sa visage pâle et ses yeux grandement ouverts montraient encore cet état de stress qui lui martelait le coeur. Mais en apercevant la jeune fille vivante, un sourire de soulagement gagna ses lèvres. Ses yeux faillirent s'embuer mais il retint ses larmes. Il laisserait éclater sa joie plus tard.

Il s'engagea dans la pièce, perdu et boîtant légèrement... -son genou gauche était en sang, il s'était cassé la figure en se dépêchant- Des pansements cachaient ses bras. Il en avait visiblement aussi sous sa chemise. On voyait dans son habillement qu'il s'était vêtu à la hâte pour sortir de l'hôpital, et son souffle qu'il peinait à reprendre montrait qu'il avait couru tout le long.

"Ils m'ont dit que la rectrice de la fac t'avait ammenée... alors...."

Il se tourna vers Hildegarde avec un regard d'excuse, il avait débarqué d'une manière fort malpolie.

Mais bientôt le regard du jeune homme se reporta sur Céres, ayant besoin de constater à nouveau qu'elle était bien entière...

Hildegarde prit un air hautain, dévisageant le blessé qui avait ainsi troublé le calme de son bureau :

"Jeune homme, je vous pételai volontiers l'autle genou plus tald. Vous avez un sulcis cal l'heule est glave... Votle amie m'a tout laconté, et je plends l'affaile en main."

Elle se dirigea vers sa porte d'un pas martial et se tourna vers Syd quelques secondes :

"Je vous la laisse quelques minutes, veillez sul elle. Je vais tlouver une pelsonne compétente pour légler son ploblème."

Elle passa le seuil et s'apprêtait à refermer quand elle lança avec un sourire en coin :

"Mon contlôle psychique est encole en action. Vous n'avez lien à claindle du démon pour l'instant. Cependant..."

Son visage prit un air plus rude et sa voix sonne comme une demi-menace.

"Je selai vite de retoul..."

Et elle leur adressa une pensée vigoureuse :

*Pas de bêtise ! *

Et la porte claqua, laissant Céres et Syd seule à seul.

Ceres eut un faible sourire. La rectrice se voulait rassurante, et elle avait décidé de l'aider. O combien elle avait attendu ce moment que quelqu'un lui dise ces mots. Jamais, jamais elle n'aurait pu croire que ce jour arriverait. Si elle pouvait, elle aurait sauté dans les bras de madame Dragomir.

"Merci... merci beaucoup madame, je vous en serais éternellement reconnaissante, déclara-t-elle en s'inclinant avec respect."

Cela lui faisait chaud au coeur de savoir qu'il y avait quelqu'un pour la soutenir en plus de Syd, qui plus est, une personne qui désirait l'aider! Elle se laissa choir sur ses genoux. La fatigue était pesante, mais elle sentait que son fardeau s'allégeait peu à peu.

La voix de Syd résonna derrière la porte... Syd? Lorsqu'il entra, son coeur manqua un battement. Il était blessé, et cela par sa faute.

"Oh Syd je..."

La danseuse ne put rien ajouter. Quelle honte voilait sa face à présent, elle lui avait déclaré ses sentiments et cela avait pu lui coûter la vie. Elle avait été si égoïste avec lui, lui imposer ce fardeau, alors que c'était un jeune homme qui rêvait de liberté et d'aventures...

Ceres garda les yeux baissés, se tordant les mains. Elle ne broncha pas quand la rectrice s'en alla. "Pas de bêtises", qu'est-ce-qu'ils pouvaient faire donc...

[Tu l'as fait exprès là :p]

[Mdrrr, ça se voit tant que ça ? ]


Des bêtises ? .... Syd se sentit rougir, de même qu'il avait fait un rictus de négation... Quand même ! Quand même ! Comme si le moment voulait que....
Et ses yeux charmés rappelèrent à son cerbeau brumeux que Ceres, sa douce et belle Ceres, était devant lui.

*..... Rectrice de mes deux, maintenant j'ai des mauvaises pensées à cause de toi ! *

Mais ces vilaines idées, il les chasses bien vite, il y avait beaucoup plus important en cet instant précis.

Syd se rapprocha de Ceres, en trois enjambées franches, il n'avait pas envie de mettre de la distance entre eux : il voyait bien que la jeune fille était gênée, sans doute s'en voulait-elle pour ce qu'il s'était produit, mais il voulait chasser cette honte de son esprit et la remplacer par des sentiments plus doux et apaisants.

"Je suis tellement content de te revoir... Tu m'as fait la peur de ma vie !"

Ce disant, il souriait avec tendresse et soulagement. Bien sur, ces paroles n'étaient pas les plus promptes à chasser le sentiment de culpabilité de Ceres, mais Syd en avait d'autres en réserve...

"Lève les yeux..." dit-il doucement, car elle les avait baissés auparavant.

Il posa ses mains sur ses épaules...

"Ce n'est pas de ta faute... Tu sais... Je ne t'ai pas rendu la tâche plus facile..."

Il passa doucement une main sous son menton pour le redresser, il voulait plonger son regard dans le sien.

"... en tombant amoureux de toi."

Et lentement, il se pencha sur elle pour joindre leurs lèvres avec douceur. Son coeur s'accéléra, tambour fou qu'il entendait résonner au fond de lui-même. Sa main avait glissé de l'épaule de Ceres pour se nicher dans son dos, et il approfondit leur baiser en la serrant doucement contre lui, s'animant d'une ardeur qu'il peinait à contenir depuis déjà bien trop longtemps... Mais il sut rester tendre dans cette étreinte -déjà parce qu'il y allait plus fort il risquait de se rouler par terre à cause de ses brûlures- car qu'il ne voulait pas soumettre Ceres à plus de tension qu'elle ne subissait déjà : Hildegarde surveillait le démon, bien, mais inutile de jouer... avec le feu.

Mais il avait quand même besoin de ce moment.... C'était le plus important pour lui : il devait répondre à la déclaration de la jeune fille. Car même s'il avait fini à l'hosto, il n'avait pas oublié le baiser qu'elle lui avait donné. -Risquant de le transformer en rôti... mais quel rôti !

[Roooh c'est trop mignoooooon ]

Ceres ne bougea pas d'un pouce, "je suis tellement content de te revoir", à présent elle se mettait à rougir. Oh non, non, à quoi pensait-elle? Ce n'était pas le moment de jouer au film romantique! La danseuse jeta un regard de biais à Syd, son sourire était tellement doux et chaleureux, elle n'avait qu'une envie, c'était de se jeter dans ses bras.

Avec une infinie douceur, son ami leva son visage vers le sien. Elle n'opposa aucune résistance et se noya dans les yeux de son ami. Que... que faisait-il? A quoi pensait-il? Leurs visages étaient beaucoup, beaucoup trop près l'un de l'autre... Beaucoup trop...

"Amoureux"... "Amoureux"... que voulait-il dire part là?

Les pensées de la jeune fille se troublèrent à l'instant où ses lèvres touchèrent les siennes. Et son coeur se mit à cogner de plus en plus fort contre sa poitrine, elle avait l'impression qu'il allait sortir complètement de son corps. Il a serrait avec une tendresse infinie et elle se sentit fondre comme neige au soleil.

Ceres lui rendit son baiser avec douceur, carressant la joue de cet être aimé. En l'espace d'un instant, elle venait de tout oublier: le clan, le monde, le démon... Il n'y avait plus qu'elle et Syd dans un cocon de tendresse.

Enfin elle détacha ses lèvres des siennes et posa son front contre le sien.

"Syd... je ne... je ne sais pas quoi dire... je suis tellement..."

Emue... oui! Des larmes se mirent à perler sur ses joues, mais pour la première fois depuis longtemps, c'était des larmes de joie.

[ ]

Syd garda les yeux clos, les émotions se bousculant dans son coeur : c'était la première fois qu'il tombait sous le charme d'une jeune fille, qu'il se sentait conquis de la sorte. Il avait écouté son instinct, il avait eu raison de ses doutes et de sa timidité naturelle -quoiqu'il n'était pas non plus quelqu'un de craintif-. Ses lèvres tremblèrent briévement, encore chargées de la chaleur de sa compagne, il ne pensait pas qu'il pouvait y avoir autant de... force... de sensualité dans un baiser. Il s'était senti partir loin, bien loin.
Ceres pleurait à présent. Des larmes de joie... Il prit sa visage entre des mains et balaya quelques pleurs du revers du pouce. Il déposa un baiser sur la joue humide, elle avait un goût délicieusement salé... Ses lèvres descendirent jusqu'à la comissure de sa bouche, il mêla à nouveau leurs deux souflles, doucement, goûtant ce plaisir avec langueur.

"Moi non plus... J'ai l'impression que ma tête se vide..."

Tant pis pour ses blessures, il la serra plus franchement contre lui : le contact de Ceres lui faisait l'effet d'un baume.

"A moins de te répéter en boucle que je j'adore..."

Il enfouit sa tête dans son cou, et lâcha un petit rire :

"Mais tu finirais par te dire que je suis un garçon bien plat, sans imagination..."

Ses sentiments liés à sa fatigue physique le plongea dans une lourdeur torpeur. Il sourit en enlaçant Ceres, se reposant quelque peu sur elle. -Il prenait garde à ne pas l'écraser quand même !-
Il l'embrassa doucement dans le cou, respira ses cheveux, se sentant au paradis.

Son étreinte se renforça doucement, il se colla plus étroitement à elle pour lui murmurer à l'oreille :

"Ne me fais plus jamais une peur pareille.... Si tu venais à disparaître... Je pense que... ce n'est pas un coup dont je pourrais me remettre... Pas du tout..."

Ceres souriait en le regardant, en le tenant dans ses bras. Elle le serrait si fort, car elle avait l'impression qu'à tout moment il pouvait partir. Ses larmes séchaient et laissaient place à son rire cristallin. Oh qu'elle était heureuse la jeune Kannagi! Oui, le clan pouvait basculer dans l'ombre, elle pouvait ne jamais prendre sa place d'héritière, elle s'en moquait! Tant qu'elle était aux côtés de Syd, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes!

"Oh Syd... moi je ne t'adore pas... le mot est bien plus fort encore! Je t'aime! s'exclama-t-elle. Je te promets de ne plus jamais m'éloigner de toi!!

Comme pour sceller cet engagement, elle l'embrassa passionnément. Jamais elle n'aurait pu imaginer quel bien cela faisait d'aimer quelqu'un et de se sentir aussi aimer en retour! S'il y avait bien quelqu'un elle pourrait faire sa vie, c'est bien avec Syd.

La danseuse se leva et inspira une bouffée d'air. Quelque chose de lourd, de très lourd venait de partir.
"On devrait arrêter sinon la rectrice va nous punir! dit-elle en riant."

Syd eut l'air d'un gros chat bienheureux. Il se laissa tomber sur le canapé avec Ceres, et posa sa tête sur les cuisses de la jeune fille, comme pour s'en servir d'oreiller.

Les mots de la jeune fille avait achevé de lui tourner l'esprit. Il était repu comme après un bon et gros festin. Il avait erré seul pendant longtemps, sans famille. Ses amis marins lui avaient offert quelques attentions, mais jamais il n'avait goûté à la tendresse et à l'amour d'une famille. Il se sentait vivre peu à peu à présent : il n'était plus seul. Il y avait Ashley, avec qui il sentait une affinité particulière, et il y avait Ceres, maîtresse de son coeur et de ses désirs.

"Tu as raison.... On se ferait virer à coups de pied, et ce serait bien gênant, elle a dit qu'elle t'aiderait non ?"

Si la rectrice trouvait le moyen de sauver Ceres de cette malédiction.... elle pourrait mener une vie normale, et leur histoire pourrait réellement débuté sans accrochage.

Il était épuisé... Avec le contre-coup de ce bonheur nouveau, il commença à ressentir les douleurs qui l'avaient assaili tantôt : ses brûlures étaient encore bien présentes, et sa jambe le martelait un peu. Il n'en dit rien cependant, il ne voulait en rien troubler le bonheur de Ceres. C'était ce qui lui importait le plus.

Ceres lui sourit tendrement et se mit à caresser son visage et ses cheveux. Cet être qu'elle aimait, il était à présent dans ses bras... Elle touchait le paradis du bout des doigts, en cet instant, elle était la plus heureuse femme de la planète. La jeune fille lui fit une myriade de petits baisers sur la joue, le front, le menton, les lèvres. Cet homme, elle l'aimait!

"Hihi! Oui la rectrice a dit qu'elle allait m'aider. J'espère qu'elle trouvera une solution! Et surtout, ça veut dire que je vais reprendre mes études! dit-elle aussi souriante qu'un jour de printemps."

Observant ses mains et ses bras, la danseuse réalisa à quel point Syd aurait refusé de la lâcher pour tout l'or du monde. Effleurant une des blessures, elle déclara d'un air inquiet:

"Ca te fait mal?"

* Miaaooooouuuuuu !!!!! Je vooooooooooooooooooooooooooooooooole !!! *

Ceres était au petit soin pour lui, et ce n'était pas sans le ravir ! La vie de couple avait de bon côté ! Quoique c'était leur premier moment véritablement ensemble... Il espérait que la passion ne retombe pas de si tôt et que les baisers continueraient à pleuvoir comme en été les douces averses rafraîchissantes !

Reprendre ses études... Mmmh, cela devait signifier qu'en outre elle demeurerait à l'internat... Hé ! Quelles pensées le frappaient ? Il se donna une gifle mentale et rougit... Ceres ne devait pas avoir conscience de tout l'effet que ses charmes exerçaient sur lui. Il y avait tant d'innocence dans le contact léger de ses lèvres, dans cette douce ardeur qu'elle montrait....

A sa question, il prit un air douloureux et répondit :

"Terriblement mal.... Mais c'est étrange..."

Il poussa un soupir à fendre l'âme mais ensuite un sourire rayonnant prit place sur ses lèvres :

"Je ne souffre plus quand tu m'embrasses. "

La jeune fille ne trouvait plus les mots pour exprimer ce bonheur immense qu'elle ressentait en ce moment. Finalement, elle était presque heureuse d'avoir été chassée du clan Kannagi, cela lui avait permis de mûrir, de grandir, et de rencontrer l'amour! Ceres trouvait Syd encore plus touchant avec ce sourire béat accroché aux lèvres.

"Ne commence pas à en profiter, dit-elle d'un air faussement en colère en lui donnant une légère pichenette sur le nez."

Elle éclata de son petit rire enfantin. Avec douceur, la danseuse prit le visage de son prince charmant entre ses mains et l'embrassa. Quelle douceur, quelles sensations agréables apparaissaient au contact de leurs lèvres. Ah l'amour... le plus beau des sentiments...

"Oh Syd, à tes côtés je n'ai plus peur de rien! Je me sens invincible! Le démon, je n'en ferai qu'une bouchée!"

La porte tourna sur ses gonds et...

" PAS SUL MON CANAPE, OKAY ?!"

Hildegarde, statue de glace semblant interminable, toisa le couple en mauvaise posture : quoique leur position avait tout d'un spectacle naïf. Un jeune homme blessé reposant sa tête sur les genoux de son aimée, et l'aimée en question le bizouillant à tort et à travers... M'enfin, ces jeunes ! Ils ne savaient pas se tenir ?!

Elle avança rudement vers eux, prête à leur rentrer dedans, mais elle s'arrêta juste devant. Et d'une voix toujours forte et sévère :

"Le plofesseul Lozent est absent ! Nous allons devoil faile sans lui pour commencer ! Voilà ce que j'ai plévu..."

Elle allait sortir quelque chose de sa poche, mais elle se retint.

"Enfin, quand vous aulez vilé de mon canapé !!! "

Syd avait fait un énorme bond en entendant la voix de la rectrice, comme si un serpent avait mordu son délicat derrière. Et quand la montagne rectale (Zut, c'est pas ça l'adjectif de rectrice ! XD) s'arrêta devant eux avec cette mine furibonde, il glissa et tomba par terre.
C'est bon, il n'était plus sur le canapé.

"Heeeu, on se reposait, c'est tout !"

dit-il en rougissant. Il se releva fébrilement et fit deux pas sur le côté comme pour prouver sa bonne foi. Il risqua un oeil sur Ceres et s'empourpra un peu plus.
Enfin il se gratta l'arrière du crâne en silence. Qu'est-ce que la rectrice avait préparé pour eux ?