Visite du nouveau Capitaine de la Milice.

Jean venait de prendre ses fonctions en tant que Capitaine de la milice. Aussi était-il fort logique qu'il vienne en ces lieux. Avoir un ami juge - ou au moins une connaissance - était fort pratique dans le métier.
Ses trois lames engainées au dos, vêtu de sa redingote immaculée, il eut un mince sourire en passant à côté de l'impressionnante statue de Dame Justice.

"Le bonjour, ma belle," souffla t-il, l'oeil rieur. "Voilà du renfort. Tous les deux, nous allons mettre cette ville au pas, je te le garantie."

Puis, toujours très droit, très fier, il monta la longue volée de marches qui menait au Tribunal.
Une fois à l'intérieur, il observa le grand hall et ses hauts plafonds en hochant la tête d'un air satisfait. C'était vaste, c'était grandiose, juste ce qu'il fallait pour ficher la frousse à la tripotée de criminels qu'il comptait bien ramener ici la queue entre les jambes.

Il se dirigea vers le bureau d'accueil. Un long comptoir de marbre poli sur lesquels il posa ses coudes pour se présenter et demander un exemplaire des codes de Loi d'Aïstèsis. Puis il resta là à le feuilleter négligemment, avec l'air de s'ennuyer royalement.
Les Lois, ça s'inventait non? Tant que cela restait logique. C'était ainsi qu'il procédait en son fief Du Rouvre. Mais il n'avait alors ni Dieu ni Maître...

Il referma vite le gros livre. Ces absurdes érudits d'Aïstèsis adorait s'écouter parler, et écrivait souvent des paragraphes entiers alors qu'une phrase aurait suffi.

Il entra ensuite plus avant dans le tribunal à la recherche d'un magistrat digne de ce nom.

Un tumulte retentit alors dans les longs couloirs du tribunal. Des procès en grand nombre impliquaient un flux continu de magistrats, de miliciens, de suspects et de coupables.
Mais il y avait aussi des assemblées visant à revoir les lois de la cité, en créer de nouvelles et à théoriser leur application.

Aether Connor, depuis peu, souhaitait l'annulation pure et simple d'un pacte de non agression entre les pirates et les citoyens d'Aïsthèsis. Ce pacte avait été signé avant sa nomination, bien avant. Cela faisait presque 15 ans que la population de la cité était contrainte à accueillir les pirates comme d'honnêtes marins. Il refusait de laisser une telle injustive se poursuivre sans encombres.

Il marchait, la mine imposante parmi une rimbabelles de larbins qui trottinaient à ses côtés, le couvrant, le submergeant d'informations et de demandes : papiers à signer, rapport d'un juge effrayé à l'idée de se mettre les pirates à dos, pétitions de citoyens prêts à tout pour éliminer les mauvais sujets de la cité.

Il écoutait et répondait avec dextérité sur tous les sujets, afin de se débarasser au plus vite des affaires qui ne lui semblaient pas importantes.

Il remarqua alors le visage d'un milicien haut gradé qu'il ne connaissait pas encore.
Hmmmm, tiens donc ! Ses galons indiquaient que c'était le nouveau capitaine de la milice, voilà qui promettait d'être intéressant.

Tiens? En voilà qui sortait de l'ordinaire.
Il était vêtu avec goût, et dégageait un certain charisme
Considérant Connor - dont il ne connaissait pas encore le nom - d'un air amusé, mais toujours désabusé, il alla droit sur lui au travers de la foule de ses misérables prétendants.
Tous là à agiter leurs papiers et à piailler! Ah, ces gens des tribunaux!

Il se fendit d'une révérence un peu raide, un sourire aimable au coin des lèvres:

"Le bonjour, Monsieur. Je suis le nouveau Capitaine de la Milice. Jean Du Rouvre. Mais appelez moi donc Jean.
Serait-il possible de m'entretenir avec vous? Auriez vous un instant?"

Il ne put s'empêcher un rictus moqueur en toisant la bande de mendiants qui les entouraient:

"Ceux là peuvent bien attendre."

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